mardi 26 août 2014

Les Etats-Unis sont les serviteurs d'Israël (Par Richard Falk and Akbar Ganji)





Les États-Unis ont soutenu Israël sans réserve depuis sa fondation en 1948. Selon un accord entre les deux pays, devenu une loi aux Etats-Unis, les américains se sont engagés à préserver la supériorité stratégique et militaire d'Israël par rapport aux autres pays du Moyen-Orient. De 1949 jusqu'à aujourd'hui, les Etats-Unis ont fourni à Israël près de 122 milliards de dollars d'aide, calculés sur une référence de dollars fixes. 

En comptant l'aide à Israël en dollars de 2003, de 1949 à 2003 les États-Unis ont fourni à Israël 140 milliards de dollars d'aide militaire, aide qui a augmenté depuis 2003. L'engagement annuel de base pour Israël est de 3,1 milliards de dollars, ce qui est beaucoup plus que l'aide militaire qui a été donnée à n'importe quel autre pays dans le monde et ce chiffre qui est un euphémisme cache une variété de crédits supplémentaires et d'autres avantages accordés uniquement à Israël. 

En effet, les États-Unis ont subventionné les agressions d'Israël en ignorant la législation d'assistance militaire qui incite à refuser une telle aide aux pays qui ne se défendent pas ou ne sont pas en conformité avec le droit international. 

L'administration Obama a même augmenté l'aide à Israël par son recours à divers crédits spéciaux. Plus récemment, le Congrès a accordé 225 millions de dollars supplémentaires pour la poursuite du développement du système de défense Dôme de fer/

Le Sénat américain a même adopté une résolution selon laquelle si Israël attaque à l'avenir des sites nucléaires de l'Iran, défiant le droit international, les États-Unis se verront dans l'obligation d'aider Israël. Il se lit en partie: "Si le gouvernement d'Israël est obligé de prendre des mesures militaires en état de légitime défense contre le programme nucléaire de l'Iran, le gouvernement des États-Unis devra se joindre à Israël et fournir, conformément à la loi des États-Unis et la responsabilité constitutionnelle du Congrès d'autoriser l'utilisation de la force militaire, un soutien diplomatique, militaire, économique au Gouvernement d'Israël dans la défense de son territoire, de son peuple et de son existence"

Bien sûr, leur langage écrit "légitime défense" mais on entend : toute mesure prise par Israël qui est présumée défensive, conforme ou non au droit international, qui limite ses revendications à des situations de réponses prévenant des attaques armées. 

Parmi les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité qui visent à critiquer ou condamner Israël pour ses actions contre les palestiniens, presque toutes ont été rejetées par les Etats-Unis. En fait, le gouvernement américain s'oppose à pratiquement toutes les résolutions approuvées par n'importe quel organe de l'ONU, y compris celui du Conseil des Droits de l'Homme (CDH) si elle est considérée comme critique d'Israël. Cela inclut même des initiatives visant à créer des commissions d'enquête pour déterminer si des accusations de crimes de guerre sont bien fondés. 

Quand Israël attaque le peuple palestinien sans défense et complètement vulnérable, les États-Unis justifient une telle intensité de violence disproportionnée en la qualifiant d'auto-défense, font obstacle à la délivrance d'un appel de l'ONU pour un cessez-le-feu immédiat, donnent une aide diplomatique et matérielle ainsi que tout confort à Israël pour ses agressions du début à la fin. 

Après que l'enquête "Rapport Goldstone" sur les crimes de guerre d'Israël à Gaza en 2008-2009 a été approuvé par le CDH, les Etats-Unis et Israël sont intervenus avec succès auprès du Secrétaire Général pour l'inciter à exhorter la non-mise en œuvre du rapport en ce qui concerne la responsabilité d'Israël pour ces crimes de guerre. Le gouvernement américain a également utilisé son influence pour empêcher même la discussion de ce rapport important dans le Conseil de Sécurité. Quand récemment, le CDH a approuvé une résolution visant à enquêter sur les crimes de guerre d'Israël à Gaza, les États-Unis ont émis le seul vote négatif.

Amnesty International a signalé que les preuves d'attaques systématiques par les forces militaires israéliennes sur les écoles et les hôpitaux de Gaza au cours de la guerre actuelle sont accablantes. Elles comprennent comme cibles des civils qui ont cherché refuge sous les attaques israéliennes dans les écoles des Nations Unies et d'autres bâtiments portant le logo de l'ONU. 

Human Rights Watch a fait état de preuves de tirs intentionnels sur des palestiniens qui fuyaient leurs maisons, même après qu'ils avaient reçu l'ordre de le faire par l'armée israélienne, et a déclaré un tel comportement comme étant un crime de guerre. 

Nous ne pouvons comprendre cette tendance partisane de la politique américaine envers Israël qu'en tenant compte de l'effet de levier exercé sur le gouvernement par le lobby redoutable et bien connu travaillant pour le compte d'Israël. L'ancien président Jimmy Carter et l'ancienne présidente d'Irlande et ex-chef du CDH Mary Robinson ont condamné cette unilatéralité de la politique américaine envers Israël et le Hamas, insistant sur le fait que dans un premier temps Israël mette fin immédiatement et sans conditions au blocus de Gaza, permettant à la population d'avoir enfin un semblant de vie normale. 

La politique américaine envers Israël a eu des conséquences désastreuses: 

Elle a complètement discrédité l'affirmation du gouvernement américain à agir comme un arbitre impartial entre Israël et les Palestiniens. 

La haine et le ressentiment envers les États-Unis ont augmenté dans toute la région, non seulement en raison de son soutien aveugle à Israël mais aussi à cause de ses attaques militaires contre l'Irak, la Libye, en Afghanistan, et les attaques de drones au Pakistan, au Yémen, en Somalie et ailleurs . 

Selon un sondage réalisé juste avant la guerre actuelle, 85% des Egyptiens et des Jordaniens, 73% des Turcs, et 66% des Palestiniens voient les Etats-Unis d'un oeil défavorable, tandis que 84% des Israéliens ont une opinion positive des Etats-Unis.

Ce qu'Israël a fait dans la région avec le soutien des Etats-Unis a grandement contribué à la croissance de l'extrémisme et de la discorde dans tout le Moyen-Orient. Si ces politiques ne sont pas révisées, encore plus de chaos, de violence extrémiste, d'effusions de sang et de dévastations sont susceptibles d'émerger à l'avenir. 

Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont été instables pendant des décennies et les conséquences de l'intensification de l'instabilité sont propagées vers d'autres régions et met en danger la paix mondiale.
Ces politiques de soutien inconditionnel à Israël vont à l'encontre des intérêts nationaux des États-Unis. Le conflit israélo-palestinien est la mère de tous les problèmes du Moyen-Orient. Israël a sapé tous les efforts pour trouver une solution pacifique par le biais de la diplomatie. Il a rejeté à la fois l'initiative arabe de 2002 et la feuille de route proposée par le Quartet - Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU - qui exigent qu'Israël se replie sur ses frontières d'avant 1967 avec l'espoir qu'un Etat palestinien souverain et indépendant émerge. 

Ce qui est exigé d'Israël comme condition préalable à la paix - prévues par la Résolution 242 du Conseil de Sécurité et réaffirmé depuis son adoption à l'unanimité en 1967 - bénéficie d'un soutien dans le monde entier. Il doit être entendu que la fin de l'occupation des territoires palestiniens n'est pas en soi suffisante pour parvenir à une paix durable. Il est également d'une importance capitale qu'un arrangement reconnaisse les droits de plusieurs millions de réfugiés palestiniens qui ont été expulsés par la force depuis de nombreuses années par Israël, notamment durant la dramatique Nakba de 1948, la catastrophe nationale palestinienne. 

De sérieuses questions se posent aussi en ce moment quant à savoir si la solution à deux Etats est un objectif viable et souhaitable, et si elle ne l'a jamais été. La question de l'autodétermination du peuple palestinien comme le fondement approprié pour une juste paix durable est plus ouvert au débat et à la réflexion en 2014 que jamais auparavant. L'expansionnisme d'Israël a mis le consensus international de deux États en question, et la communauté internationale, ainsi que des représentants du peuple palestinien doivent maintenant envisager de nouvelles façons de parvenir à une paix juste pour les deux peuples, qui ne peuvent être réalisées sans respecter les droits des Palestiniens. 

Nous croyons qu'une étape cruciale dans cette direction est la reconnaissance largement répandue selon laquelle Israël est devenu un Etat hors la loi, et que les ajustements appropriés à cette réalité doivent être mis en oeuvre.

Traduction Rochelle Cohen pour Agence Info Libre






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