Avant le référendum de jeudi sur l’indépendance de l’Écosse, visite à Glasgow, dans un quartier déshérité, et dans un centre-ville ressuscité, où la mobilisation pour le « oui » ne faiblit pas.
«On n’aura pas d’autre chance, il ne faut pas rater celle-là. C’est
un moment unique dans notre histoire. » Des prospectus dans la main,
Steve, la trentaine, s’enthousiasme avant de partir faire du
porte-à-porte pour le « Yes » dans le quartier ouvrier de Govan,
banlieue ouest de Glasgow, qui a autrefois hébergé un grand chantier
naval. Avec une dizaine d’autres militants, essentiellement entre 17 et
30 ans, il a été recruté par Shauna. Cette jeune femme brune briefe
cette équipe dans son jardin, situé à l’ombre du mythique Ibrox stadium,
l’arène des Glasgow Rangers. « Il y a un mélange de nouveaux et
d’anciens, mais tous ont compris que ce référendum était une vraie
opportunité pour l’indépendance », glisse-t-elle. « On voit que les gens
se mobilisent pour que l’Écosse indépendante ne soit plus une utopie. »
Parmi cette nouvelle génération, Greg, 17 ans, étudiant en
informatique, votera pour la première fois puisque l’âge de la
participation au référendum a été abaissé à 16 ans. Sur une vingtaine de
portes frappées dans ce quartier ouvrier, une très large majorité
accueille le jeune homme timide avec un grand sourire : « Ce sera oui,
évidemment, on doit gagner », s’enflamme Mark, un père de famille qui a
collé un « Yes » sur ses fenêtres. D’après les analystes, ces
populations défavorisées pourraient même faire basculer le référendum.
Les médias critiqués
La
vague bleue déferle aussi au centre-ville de Glasgow. June Wilson, 74
ans et « mariée à un Anglais », donne de la voix : « L’Écosse est depuis
trop longtemps sous le joug de Westminster, nous devons prendre en main
nos propres finances. La graine de l’indépendance a été plantée en
Écosse, et elle va grossir ici et ailleurs ». Comme elle, beaucoup se
défendent de tout sentiment « nationaliste » et expliquent leur position
par le rejet de Londres. Graham Campbell, pilier de l’association «
Africans for an independent Scotland », qui distribue des tracts en
anglais et en français, donne un autre éclairage : « Il y a une grande
vague de mobilisation parmi les minorités. Dans la nôtre, les deux-tiers
des 20 000 votants devraient dire ‘‘Yes’’. Dans les sondages, le vote
des classes ouvrières et étrangères est sous-estimé ».
Dans un
pays marqué à gauche, Glasgow, troisième ville du Royaume-Uni et qui vit
aujourd’hui une forme de résurrection économique, constituait un vivier
du Labour. Celui-ci est désormais en porte-à-faux, souhaitant plus
d’autonomie vis-à-vis du pouvoir financier de la City, mais militant
pour le « Non ». Les pro-indépendance accusent également les médias, BBC
en tête, de faire la promotion des « nonistes », et d’agiter
volontairement la peur de la fuite des capitaux. Ce discours, on le
perçoit par exemple dans une rue discrète de la capitale écossaise, au
Vespbar, rebaptisé « Yes bar ». Dans ce pub prisé, les affiches ciblent
sans détour le Parlement britannique, et, les serveuses sont sélectives.
Sur leur badge, on lit : « J’embrasse seulement ceux qui votent Yes. »
LE WERWOLF
Le Bien Public :: Lien
Repéré par : Le Vieux Loup


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