Alexander Zakharchenko est le Premier ministre de la République populaire de Donetsk. Ce n’est pas là le ronron habituel d’une conférence de presse ordinaire, il s’agit de la formation d’une structure cadre, celle d’une armée de résistance. Plus seulement d’une milice de résistance. Il y a une grande différence : la première relève d’un territoire, la seconde d’un État.
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Tout au long de la conférence de presse, le ton a été à la mode
russe typique, où les choses sont minimisées en surface, mais si on
prend bien la mesure des mots employés, alors il s’agit d’une grave
escalade dans le jeu. Et c’est un cadre de direction pour le reste de la
phase ukrainienne de ce conflit.
L’explication parfaitement structurée des événements par le ministre
de la Défense est une indication claire de la façon dont la population
de l’est du pays a pris cette situation au sérieux. Ils savent
exactement ce qu’ils ont à affronter et ils envoient un signal fort :
nous sommes prêts mentalement, émotionnellement et physiquement.
Ils ne représentent plus désormais une milice constituée de bric et
de broc. Il s’agit désormais d’une machine de guerre bien huilée, avec
des volontaires internationaux venant se rallier à la cause. Cela bien
que, étant toujours gens à jouer selon les règles, les Russes aient
laissé une porte ouverte à la négociation.
Alexander Zakharchenko fixe clairement l’offre des Novorossiens,
quand il a dit : « Vous n’avez pas à reconnaître notre statut, seulement
à nous laisser tranquilles à l’intérieur de nos frontières des
Républiques de Donetsk et de Lougansk ». Les Russes, bien entendu,
aimeraient que cette question soit résolue le plus tôt possible. Même si
je doute un peu qu’ils le veuillent vraiment. Un renversement de la
dynamique actuelle sous un prétexte de paix serait peut-être la plus
grosse erreur qu’ils puissent faire aujourd’hui. Cette machine de guerre
est déjà allée trop loin.
La crise en Ukraine n’est rien d’autre qu’une campagne de nettoyage
ethnique commune conduite par les États-Unis et l’Union européenne par
l’intermédiaire de leur division SS en Ukraine. C’est vraiment aussi
simple que cela. Hésiter maintenant signifierait une mort certaine
demain. Il n’est plus possible de faire confiance à l’Union européenne
et aux États-Unis. La seule solution est à présent le contrôle total de
l’Ukraine : Kiev doit être libérée.
Cette conférence de presse a servi non seulement à exposer ce qui se
passe, mais aussi à faire passer de façon soigneusement coordonnée
quelques messages clés. Parmi les principaux :
La férocité de la guerre
Ici ou là se trouve mise en avant la guerre futile qui verrait les
mineurs, les agriculteurs et tous les Ukrainiens de l’Est qui
travaillent dur prendre les armes. Et l’on ajoute que si cela devait se
produire, Kiev n’aurait aucune chance.
Le nombre de victimes du côté de la junte est mis en évidence, avec
une connaissance claire des faits et des chiffres relatifs à l’ennemi.
Les mères sont averties de que qu’une lettre annonçant un « disparu au
combat » est selon toute vraisemblance un certificat de décès.
Un rejet de la narration traditionnelle destinée au grand public et une proposition pour la paix
On dit aux mères (des conscrits de l’armée) « … n’envoyez pas vos
enfants ici. Laissez-nous tranquilles. Laissez-nous vivre libres et en
paix ». Et on leur rappelle que la guerre a été imposée à l’est de
l’Ukraine. Un moyen d’en sortir est même offert lorsqu’il en est appelé à
« … une conscience politique, une volonté et un courage qui sont ceux
d’une homme véritable » pour arrêter l’opération (la prétendue opération
anti-terroriste).
La patience dont fait preuve la résistance est tout bonnement
exceptionnelle : même après tout ce qui a été dit, ils affirment « Vous
n’avez pas à reconnaître notre statut, mais seulement à nous laisser
tranquilles à l’intérieur de nos frontières des Républiques de Donetsk
et de Lougansk, et nous nous dirons au revoir ».
Le symbolisme et les révolutionnaires internationaux au Donbass
Il faut noter ici que le symbolisme des troupes paradant comme il
avait été fait à Moscou en juillet 1944 [1] est une tactique très forte
au plan émotionnel. D’un coup d’un seul, cela met vraiment les choses en
perspective pour la babouchka et Joe le ventre à bière moyens.
Car non seulement cela fait montre d’une solide connaissance de
l’histoire de la résistance, mais cela fixe également les paramètres de
la discussion.
Le récit se trouve complètement refondu et à bon escient, lorsque la
résistance met en évidence la question fondamentale : il s’agit d’une
attaque nazie parrainée par les USA et l’UE contre une Ukraine orientale
pacifique.
Mais ce n’est pas tout, on nous dit aussi qu’il y a dorénavant des
volontaires internationaux en Ukraine. Il est même question d’inviter
des personnels de la Marine française à combattre au sein de la
résistance anti-fasciste. Si cela était vérifié, alors ce serait très
grave [2].
Nous avons déjà vu un combattant de la liberté espagnol [3] et même
un combattant afghan, qui disait rembourser sa « dette » pour tout ce
que l’Union soviétique avait fait pour lui [4]. Assurément un cauchemar
en matière de relations publiques pour la presse occidentale !
Quelle personne saine d’esprit pourrait gober cet étrange clafoutis
concocté par la propagande pro-nazie, dont tous les porte-paroles
impériaux nous jouent la musique !? Mais hélas, ce point de repère de
l’absurdité qu’est la BBC vit encore, au pays des contes de fées, si
l’on s’en réfère à sa dernière dénonciation de soldats russes
envahissant l’Ukraine [5]. A n’en pas douter, la planète Neptune est un
étrange endroit.
Un rejet de la fédéralisation
Répété à l’envi par les gelées protoplasmiques de l’UE (de même
renommée que Boris Johnson, le maire de Londres), ce verbiage, qui
arrive alors que la partie est déjà jouée, est rejeté catégoriquement
par :
« Permettez-moi de préciser. Nulle
fédéralisation n’est plus possible aujourd’hui. Il est un temps pour
tout. Nous avons demandé la fédéralisation il y a 3 mois, puis nous
avons demandé une autorisation d’organiser un référendum. Ce temps est
révolu, maintenant nous voulons vivre de façon autonome ».
La formation d’un État
Juste au moment où prenait fin le barrage dressé à l’encontre des
points de vue visant à prendre le contre-pied de la version des nazis,
la résistance a mentionné quelque chose qui, je crois, traduit la
volonté inébranlable du gouvernement. Un gouvernement qui dispose
maintenant d’un ministre de la Défense et d’une armée. Et remarquez
comment le rôle clé d’instrument de protection de celle-ci devient le
thème majeur ici.
Ce point est davantage encore mis en avant par le débat sur la peine
de mort et son rétablissement par le Conseil suprême. A savoir le
Conseil de la République nationale de Donetsk.
Ce n’était pas seulement une conférence de presse, mais une véritable
revue des choses : définition des frontières, illustration de la
réalité du terrain, conditions de la paix, confirmation des hostilités
et même une petite référence au génocide du projet concernant le gaz de
schiste dans l’est de l’Ukraine [6].
Il s’agit d’un État-nation, qui sera très probablement une rampe de
lancement pour la libération de Kiev. La junte et ses proxénètes à
Washington doivent être en ce moment pris de convulsions, et doivent
même en avoir l’écume à la bouche, pour être précis.
AE (vineyardsaker.co.nz)
Traduit par Goklayeh pour vineyardsaker.fr
Notes
[1] Le défilé des prisonniers de guerre en juillet 1944 à Moscou: (youtube, russe)
[2] DUkraine : des experts français rejoignent les combattants rebelles (thelocal.fr, anglais, 25-08-2014)
[3] Des combattants espagnols dans le Donbass (youtube.com, anglais, 04-08-2014)
[4] Le combattant afghan de la liberté au Donbass (youtube, anglais sous-titré en russe)
[5] La BBC : des Russes en Ukraine (encore une fois) (bbc.com, anglais, 26-08-2014)
[6] Naked Goals of Ukrainian Genocide – Part I (slavyangrad.org, anglais, 22-06-2014)
LE WERWOLF
The war in Ukraine enters the next stage (vineyardsaker.co.nz, anglais, 26-08-2014)
En français : http://www.vineyardsaker.fr/2014/08/26/video-la-guerre-en-ukraine-entre-dans-une-nouvelle-etape-zakharchenko/
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