mardi 26 août 2014

La guerre qui vient sera choquante et obscène





LE YETI :



Qu’est-ce qui choque le plus ? La violence des émeutiers de Ferguson ? Ou celle des forces “de l’ordre” ultra militarisées chargées de les arraisonner ? Ou encore celle du policier blanc de cette petite ville du Missouri qui a froidement abattu un jeune noir désarmé d’au moins six balles, dont deux dans la tête ?

Qu’est-ce qui choque le plus ? La folie meurtrière d’un djihadiste dingue assassinant en live le malheureux journaliste américain James Foley, habillé symboliquement dans le même uniforme orange que les prisonniers de Guantanamo ? Ou celle des drones US, des bombardiers israéliens massacrant aux quatre coins du monde des civils à la pelle à grands coups de “tirs ciblés” au nom de la “Démocratie” et du “Bien” ?




 Le pathos médiatique autour de l’assassinat du malheureux Foley a quelque chose d’obscène, quand les mêmes médias repoussèrent en se bouchant le nez les dizaines de photos de mômes pulvérisés sur Gaza, quand ils sanctifient les livraisons d’armes à un pouvoir ukrainien tirant à l’arme lourde sur ses concitoyens de Donetsk et de Lougansk (plus de 2 000 morts à l’heure qu’il est).




Obscène aussi l’intervention de Scotland Yard, rapportée par The Guardian, avertissant que « visualiser, télécharger ou diffuser la vidéo (du meurtre de James Foley, ndlr) dans le Royaume-Uni constituerait une infraction pénale en vertu de la législation antiterroriste »[1]. Obscène et grotesque. Cachez ces seins ensanglantés — surtout les blancs — que nous ne saurions voir.

La gangrène au cœur de l’Empire


Mais il est une chose de plus obscène encore aux yeux de gouvernants de plus en plus dépassés par la situation : l’assassin de James Foley, comme vient de le reconnaître le premier ministre Cameron, est très probablement britannique[2].

Rappelez-vous, ce fameux 11 septembre 2001, d’où venaient donc ces terroristes qui firent sauter les tours jumelles de Manhattan ? De nos banlieues, de nos universités occidentales. Et ces “djihadistes” français, des gamins, des gamines, élevés bien souvent sur les bancs de nos écoles, qui partent au bout de la planète rejoindre les forces du “Mal”. Et ces émeutiers déchaînés de Ferguson ou d’ailleurs… Obscène, obscène et choquant pour nos médias et nos élites qui n’en peuvent mais.
Oui, la guerre qui vient, déjà bien installée si l’on se réfère à la carte des conflits qui ravagent aujourd’hui notre planète[3], sera obscène et choquante.

Obscène et d’autant plus choquante que cette guerre qui ne dit pas encore son nom se répand au cœur même de l’Empire menacé et gangrène ses fondations. Et qu’y prennent part de plus en plus de civils ivres de fureur partis à l’assaut de citadelles en perdition, protégées par des gardes-chiourmes casqués, bottés, surarmés et formés aux guérillas urbaines.

Ceux, déployés à Ferguson, USA, ont-ils des têtes à vouloir défendre la démocratie, vraiment ?




Échapper à l’influence malfaisante des égrégores

 

Dans un premier temps, mon billet s’arrêtait là. Mais non, non, on ne peut se résoudre à des conclusions qui laissent en travers de la gorge un tel arrière-goût écœurant d’acceptation et de résignation, sur fond de clichés choquants et terribles à pleurer.

Il faut, écrit un certain Pascal Roussel dans un billet de blog publié sur les-crises.fr, échapper absolument à l’égrégore qui s’empare de l’opinion publique dans ces situations extrêmes[4].

L’égrégore, explique Pascal Roussel, c’est le terrible esprit de groupe, dit encore esprit partisan, la réaction pulsionnelle de l’inconscient addictif, l’esprit de lynchage qui ébranle les foules désemparées hurlant à l’unisson leurs anathèmes caricaturaux contre l’ennemi désigné du moment.

L’égrégore, c’est la répulsion partagée du Juif, de l’Arabe, du Rom, de l’étranger quel qu’il soit, la tentative d’exorcisme malsain et pathétique, par boucs émissaires interposés, de nos terreurs face à nos défaites, en l’occurrence celle d’un système usé confit d’arrogance.

Le monde d’après appartiendra à ceux qui auront résisté à ces déroutes collectives, aux égrégores.






LE WERWOLF



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