Le pouvoir russe voit en la présidente du FN une personnalité prometteuse et partageant les mêmes valeurs.
Marine Le Pen n'a pas eu l'honneur, comme Gérard Depardieu, d'être reçue en personne par Vladimir Poutine. Elle a toutefois été accueillie par l'un des plus proches alliés du président, Sergueï Narychkine.
La présidente du Front national a longuement discuté mercredi avec le
président de la Douma, la Chambre basse du Parlement, ainsi qu'avec
Alexeï Pouchkov, qui dirige le comité des affaires internationales de la
Douma. À l'issue de cette rencontre, Marine Le Pen a été sollicitée par
les médias du pouvoir, qui ont offert une large couverture à sa
première visite en Russie.
S'adressant à ces derniers, la
présidente du Front national a pris des accents de représentante
officielle de la France: «C'est ma première visite en Russie. J'espère
qu'elle resserrera les liens entre nos deux pays.» D'un caractère très
réservé, Sergueï Narychkine a tout d'abord complimenté son invitée:
«Vous êtes bien connue en Russie et vous êtes une personnalité politique
respectée», se dépêchant de généraliser sur le mode: «Nous considérons
la France comme l'un des principaux partenaires stratégiques de la
Russie en Europe et dans le monde. Nous suivons les décisions prises par
le nouveau gouvernement (français), et qui sont souvent perçues de
manière diverse par la société. Nous observons les développements avec
intérêt et nous en tirons des conclusions.» Sergueï Narychkine s'est
bien gardé de préciser lesquelles.
La suite des échanges s'est
faite derrière des portes closes. Marine Le Pen a rapporté deux thèmes
évoqués avec Sergueï Narychkine: la Syrie et le mariage homosexuel. Elle en a profité pour souligner que son parti est le «seul mouvement politique français à s'être opposé à toute intervention en Syrie».
Une collusion d'intérêts opportunistes
Les
observateurs s'accordent à souligner le caractère exceptionnel de
l'accueil réservé à Marine Le Pen. Un camouflet à François Hollande?
«Non, c'est surtout pour l'audience domestique», estime Alexandre
Verkhovski, directeur de Sova,
observatoire des extrémismes. «C'est une manière de montrer aux Russes
que les lois qui sont votées ici sont défendues aussi par des mouvements
politiques européens.»
L'expert note cependant qu'il ne faut pas
surestimer la convergence idéologique. «Vladimir Poutine n'a pas besoin
d'idéologie, car son pouvoir n'est pas basé sur des élections
démocratiques. Il s'agit simplement d'exploiter des thèmes populistes et
de recueillir l'expérience de partis qui exploitent ces mêmes thèmes.»
À
l'inverse, le politologue Dmitri Orechkine voit plus qu'une collusion
d'intérêts opportunistes. Il note que Sergueï Narychkine est un général
du KGB et du FSB (sécurité de l'État), qui porte une grande attention
aux questions géostratégiques. «Le pouvoir se tourne vers des valeurs
nationalistes et agressives, d'où un rapprochement avec Marine Le Pen.
Le Parlement se concentre sur des problématiques populistes et le rejet
de l'immigration», explique-t-il.
De ses échanges avec les
idéologues du Kremlin, Dmitri Orechkine retient qu'ils sont «sincèrement
convaincus d'un basculement de l'opinion publique occidentale vers un
paradigme nationaliste aux dépens du libéralisme et du
multiculturalisme. Ils voient dans Marine Le Pen une personnalité
prometteuse qui va profiter de la montée du racisme. Et si elle ne
parvient pas à ses fins, cela n'aura rien coûté d'avoir tissé des liens
avec elle.»
Source :
Le Figaro :: Lien
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