FAIT DIVERS – Deux mois après le passage à tabac de "Darius" à Pierrefitte-sur-Seine (93), le jeune Rom va mieux, mais pourrait garder des séquelles à vie. Les enquêteurs font face à un mur de silence et l’enquête pourrait ne jamais aboutir, rapporte Libération, ce samedi.
L’enquête
criminelle ouverte après le lynchage d’un jeune Rom à
Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le 13 juin dernier, patine et
pourrait ne jamais aboutir, révèle ce samedi 16 août Libération (édition abonnés), qui publie une longue enquête sur l’affaire.
Ce
soir-là, Gheorghe C. connu sous le nom de "Darius", un jeune Rom de 17
ans soupçonné d’avoir cambriolé un appartement dans une cité de
Pierrefitte, est passé à tabac par une douzaine de personnes ; il est
retrouvé entre la vie et la mort, gisant dans un chariot de supermarché
abandonné sur la nationale 1, près de la Cité des Poètes, un quartier
sensible de la ville. Il restera plus d’un mois dans le coma.
Darius aurait été dénoncé par les Roms
Déjà en juillet l’enquête patinait, face au silence des uns et des autres. Un mois plus tard, elle n’a guère avancé. A Libération,
une source proche du dossier explique redouter que l’affaire ne
débouche sur rien : "Incontestablement, Darius est victime d’une
tentative d’homicide, mais il a également des choses à se reprocher. Les
auteurs de cette vengeance privée ne vont rien avouer. Les Roms ne sont
pas tout propres non plus [...] Des deux côtés, personne n’a intérêt à
ce que cette affaire sorte".
Seul
élément nouveau que les enquêteurs ont pu apprendre, rapporte le
quotidien : le jeune Rom aurait été dénoncé par les habitants de son
campement. Lorsque les agresseurs de "Darius" ont pénétré dans le camp,
peu après 20h, "comme il était recherché de partout par les Blacks
de la cité qui venaient foutre le bazar [...] quelqu’un l’a appelé [sur
son portable, ndlr] pour lui dire 'tu peux revenir'", rapporte un
enquêteur de la police judiciaire. Ce qu’il a fait, avant de se faire
embarquer. Et tabasser.
Course contre la montre
Deux
mois après l’agression, "Darius" est sorti du coma et va mieux, même
s’il est difficile d’évaluer ses séquelles : "Il parle, il reconnaît les
membres de son entourage et semble disposer de sa mémoire immédiate.
Toutefois, il ne marche pas. Des complications neurologiques ont
entraîné une calcification au niveau de l’un de ses genoux. Par
ailleurs, sa mère dit qu’il semble étourdi [...]" rapporte Julie
Launois-Flacelière, son avocate, à nos confrères. Ses souvenirs de
l'agression sont très flous.
Mais le temps joue contre eux : le
25 août, le jeune Rom sera majeur. A cette date, l’ambassade de
Roumanie, qui prenait jusqu’à présent en charge les frais
d’hospitalisation, devrait arrêter. Son avocate tire le signal
d’alarme : "Si une solution n’est pas trouvée, Gheorghe pourrait se
retrouver handicapé et à la rue".
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