PARIS, 29 septembre 2014 – Alors qu’il éditait une
photo d’un Syrien portant dans ses bras son fils tué dans un
bombardement, Andrew Caballero fut intrigué par d’étranges cordelettes
qui entouraient le corps de l’enfant. Un garrot, pensa-t-il d’abord.
Puis, en regardant de plus près, il s’aperçut qu’il s’agissait des
intestins du petit. La photo ne fut jamais diffusée par l’AFP. Mais
cette image d’horreur restera longtemps gravée dans la tête d’Andrew.
Les éditeurs photo et vidéo à Nicosie, où se trouve le quartier
général de l’AFP pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, sont
confrontés tous les jours au déferlement de scènes insoutenables. Ce
sont ces éditeurs qui examinent attentivement les images en provenance
de Syrie, d’Irak, de Gaza, de Libye et d’autres points chauds de la
région, et qui décident de les diffuser ou non. Ce sont eux qui «
encaissent » plusieurs heures par jour des visions de corps mutilés,
d’enfants blessés hurlant de douleur et, depuis peu, de décapitations
d’otages. Une grande partie de ce matériel ultra-violent, impropre à la
publication selon les critères de l’AFP, part à la poubelle. Mais non sans avoir infligé des chocs à répétition aux journalistes qui l’ont visionné.
« Les images horribles, au Moyen-Orient, ce n’est pas nouveau »,
explique l’éditrice photo Marina Passos. « Il y a dix ans, en Irak, on
décapitait déjà les gens. Tout le monde se souvient aussi de ces quatre
Américains dont les corps calcinés avaient été mutilés à coups de pelle
par la foule puis pendus à un pont à Falloujah en 2004. Ce qui a changé
c’est qu’avant, des photos épouvantables, on en recevait une ou deux par
mois. Maintenant, on en a tous les jours ».
Une image ultraviolente ou contraire à la dignité humaine et qui n’apporte aucune information ne sera jamais diffusée par l’AFP. Ce qui n’exclut pas la publication d’images très dures, sanglantes, mais qui témoignent de la réalité sur le terrain. « On ne peut pas cacher l’enfer », poursuit Marina Passos. « Notre travail, c’est de montrer le monde comme il est. Il arrive aussi que des images violentes aient une force esthétique extraordinaire, comme cette photo d’une petite fille blessée dans un hôpital de fortune à Douma, en Syrie ».
« Nous sommes toujours tiraillés », renchérit Hassan Mroue, adjoint au responsable photo pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « D’un côté on essaye de ne pas publier les images les plus choquantes. Mais de l’autre, si on ne les montre pas, on a l’impression de dissimuler un crime ».
Les photos et vidéos les plus dures sont transmises par l’AFP à ses clients avec un avertissement sur leur contenu (libre au client, ensuite, de les montrer ou non à son public). « Nous ne censurons pas les images de mort, mais nous savons bien que la plupart des clients ne publieront pas des images en gros plan de cadavres et de blessés. Alors nous ne gardons que les plans larges », explique Jihan Ammar, coordinatrice vidéo régionale. « Comme les critères varient selon les pays, on s’efforce d’avoir une production diversifiée. La plupart des médias américains et européens essayent de protéger le public en évitant de lui montrer des scènes trop dures, alors que cela ne dérange pas les médias du Moyen-Orient ».
Reste qu’avant de faire son choix, l’éditeur doit forcément tout regarder. Ce qui rend les journées de travail éprouvantes dans une région où une énorme proportion de la production photo et vidéo de l’AFP traite de la violence. La détresse de l’éditeur est différente de celle du reporter de guerre. Le second est sur le terrain, il est soumis au risque, aux poussées d’adrénaline et voit l’horreur dans toute sa réalité. Le premier regagne son foyer tous les soirs et doit concilier sa vie de famille avec les réminiscences des images insoutenables qu’il a vu défiler sur son écran toute la journée durant, sans que personne ne puisse vraiment comprendre ce qu’il ressent.
« Quel que soit le dégoût qu’inspire une image, il est nécessaire de la regarder très en détail, de passer de longs moments dessus pour voir s’il y a une possibilité de l’améliorer, de la recadrer », raconte Andrew Caballero. Ce qui, chez cet ancien logisticien de Médecins sans frontières, devenu photographe après plusieurs années de travail humanitaire en Afrique et en Asie, réveille souvent de pénibles souvenirs. « Chez MSF mon travail consistait parfois à enterrer des enfants », dit-il. « Chaque photo d’enfant tué me renvoie à ces moments ».
Chaque éditeur a ses propres limites, ses propres phobies. Pour Jihan Ammar, le plus dur a été la guerre à Gaza au cours de l’été 2014, à cause du déferlement d’images atroces d’enfants palestiniens blessés ou tués. « Ici au département vidéo, nous regardions à longueur de journée des enfants extraits des décombres sans bras ou sans jambes, des parents qui hurlaient de désespoir », se souvient-elle. « Non seulement ces images sanglantes étaient en permanence sur nos grands écrans devant nos yeux, mais nous les voyions aussi qui défilaient en boucle sur les chaînes de télévision arabes à l’arrière-plan. Plus nous éditions, et moins nous parlions. A une reprise, une collègue qui effectuait une révision de routine sur un sujet que je venais d’éditer (la vidéo ci-dessous, ndlr) a fondu en larmes ».
ATTENTION: cette vidéo diffusée en août 2014 comporte des images d'enfants morts et blessés. Si vous ne parvenez pas à la visualiser correctement, cliquez ici.
Marina Passos, elle, redoute particulièrement les images provenant des zones rebelles de Syrie, où l’AFP n’envoie plus de reporters mais utilise la production de photographes et vidéastes locaux. Là aussi, les images d’enfants morts ou blessés sont légion. Les regarder est encore plus dur pour les éditeurs qui ont de jeunes enfants et qui s’identifient naturellement aux victimes et à leurs parents. « Quand je suis rentrée de congé maternité il y a deux ans, ça a été dur de traiter les photos de Syrie », poursuit Marina Passos. « Pendant trois mois, j’ai eu peur de tout. Toutes ces photos d’enfants blessés, avec leurs regards qui exprimaient la peur et la souffrance, me renvoyaient à ma propre vie. Avant d’être mère, je ne ressentais rien face à ce genre d’image mais maintenant, c’est différent. Il m’arrive de ne pas avoir le cœur assez bien accroché pour traiter des photos de Syrie, et de demander à mes collègues qui n’ont pas d’enfants de s’en occuper ».
Parfois, le stress de l’éditeur est accru par le fait que les correspondants locaux, en Syrie ou ailleurs, ne connaissent pas bien les critères en vigueur à l’AFP. « Notre nouveau correspondant vidéo à Alep fait de l’excellent travail, mais il nous envoie souvent des gros plans de crânes explosés », raconte Quentin Leboucher, adjoint à la coordinatrice vidéo pour la région. Là encore, l’éditeur n’a pas le choix : pour sélectionner les images publiables, il lui faut tout regarder.
Pour l’éditeur vidéo Etienne Torbey, le pire cauchemar, ce sont les vidéos de décapitations diffusées par l’organisation Etat islamique. « Les images de bombardements, de victimes de combats à Gaza ou en Syrie sont horribles, mais dans un sens je m’y suis habitué et elles me choquent moins que les vidéos d’exécutions », dit ce Libanais. « Quand on voit le couteau s’approcher de la gorge de la victime, ça dépasse toutes les limites. Je dois m’arrêter de regarder ». Et pour Quentin Leboucher, regarder la vidéo de l’assassinat de James Foley, journaliste qui avait contribué à la couverture de l’AFP en Syrie, a constitué une épreuve particulièrement pénible.
L’AFP n’a diffusé aucune des vidéos des exécutions d’otages, mais seulement un nombre très réduit d’images fixes extraites des films du groupe Etat islamique (une de la victime, et éventuellement une du bourreau). Les éditeurs doivent donc tout de même visionner la vidéo pour choisir l’image fixe à extraire, et la recadrer afin de la rendre la moins dégradante possible. Visionner les vidéos dans leur intégralité permet aussi, parfois, de recueillir des informations. Cela a permis, par exemple de découvrir que des séquences quasi-subliminales d’une autre exécution d’otage, probablement en Syrie, ont été glissées pour une raison inconnue au milieu de la vidéo de l’assassinat du Français Hervé Gourdel en Algérie.
Comment font-ils pour tenir ? « Le desk photo de Nicosie est très uni », répond Andrew Caballero. « On parle entre nous, on plaisante pour rendre la vacation moins déprimante. Mais nous assumons. Si on ne supporte pas de voir des photos choquantes, alors on ne devient pas éditeur photo pour le Moyen-Orient ».
« J’essaye de travailler comme un chirurgien qui prend ses distances avec son patient, qui l’opère sans émotion », explique pour sa part Hasan Mroue. « Même si en ce moment, j’ai l’impression d’être le chirurgien d’un grand hôpital urbain parachuté soudain dans un hôpital de campagne, sur une ligne de front… »
Etienne Torbey, lui, avoue avoir respiré un grand bol d’air frais le jour où, l’été dernier, le service vidéo de l’AFP à Nicosie a rendu service à celui de Hong Kong et a édité pendant un moment la production en provenance d’Asie. « C’était fantastique », se rappelle-t-il. « Tout à coup on s’est mis à voir des sujets sur la culture, sur l’art, sur les animaux dans les zoos, sur toutes ces choses de la vraie vie qu’on aimerait tant faire dans notre région. Mais évidemment, avec quatre pays en guerre chez nous, on a d’autres priorités ».
Il n’est jamais facile de rentrer chez soi après des journées pareilles, de se réinsérer dans une vie familiale normale. « Tout à coup, les images d’horreur font irruption dans ta tête », raconte Andrew Caballero. « Pendant la guerre à Gaza, je rentrais tous les soirs complètement vidée», se rappelle Jihan Ammar. « A la maison, je n’arrivais pas à décompresser, à dormir, à arrêter le film qui défilait sous mes yeux. Je ne pouvais pas regarder la télévision. Mais je n’en ai jamais parlé avec ma famille, ce sont des choses trop horribles pour être partagées ».
« Et pour ceux d’entre nous qui ont des racines au Moyen-Orient, le niveau de violence auquel on assiste cette année est particulièrement décourageant », poursuit cette Egyptienne-Américaine. « Toutes les grandes civilisations autour de nous sombrent dans le chaos. Travailler sur le terrain est de plus en plus dangereux. Les conflits s’enlisent dans des cercles vicieux et le sectarisme est en train d’étouffer la région. L’avenir paraît bien sombre ».
Roland de Courson est l'éditeur du blog AFP Making-of.
Une image ultraviolente ou contraire à la dignité humaine et qui n’apporte aucune information ne sera jamais diffusée par l’AFP. Ce qui n’exclut pas la publication d’images très dures, sanglantes, mais qui témoignent de la réalité sur le terrain. « On ne peut pas cacher l’enfer », poursuit Marina Passos. « Notre travail, c’est de montrer le monde comme il est. Il arrive aussi que des images violentes aient une force esthétique extraordinaire, comme cette photo d’une petite fille blessée dans un hôpital de fortune à Douma, en Syrie ».
Une
enfant blessée dans un bombardement attend d'être soignée dans un
hôpital de fortune à Douma, en Syrie, le 24 septembre 2014 (AFP / Abd
Doumany)
« Nous sommes toujours tiraillés », renchérit Hassan Mroue, adjoint au responsable photo pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « D’un côté on essaye de ne pas publier les images les plus choquantes. Mais de l’autre, si on ne les montre pas, on a l’impression de dissimuler un crime ».
Les photos et vidéos les plus dures sont transmises par l’AFP à ses clients avec un avertissement sur leur contenu (libre au client, ensuite, de les montrer ou non à son public). « Nous ne censurons pas les images de mort, mais nous savons bien que la plupart des clients ne publieront pas des images en gros plan de cadavres et de blessés. Alors nous ne gardons que les plans larges », explique Jihan Ammar, coordinatrice vidéo régionale. « Comme les critères varient selon les pays, on s’efforce d’avoir une production diversifiée. La plupart des médias américains et européens essayent de protéger le public en évitant de lui montrer des scènes trop dures, alors que cela ne dérange pas les médias du Moyen-Orient ».
Une éditrice au travail au desk photo de l'AFP à Nicosie, le 26 septembre 2014 (AFP / Florian Choblet)
Reste qu’avant de faire son choix, l’éditeur doit forcément tout regarder. Ce qui rend les journées de travail éprouvantes dans une région où une énorme proportion de la production photo et vidéo de l’AFP traite de la violence. La détresse de l’éditeur est différente de celle du reporter de guerre. Le second est sur le terrain, il est soumis au risque, aux poussées d’adrénaline et voit l’horreur dans toute sa réalité. Le premier regagne son foyer tous les soirs et doit concilier sa vie de famille avec les réminiscences des images insoutenables qu’il a vu défiler sur son écran toute la journée durant, sans que personne ne puisse vraiment comprendre ce qu’il ressent.
Images sanglantes en boucle
« Quel que soit le dégoût qu’inspire une image, il est nécessaire de la regarder très en détail, de passer de longs moments dessus pour voir s’il y a une possibilité de l’améliorer, de la recadrer », raconte Andrew Caballero. Ce qui, chez cet ancien logisticien de Médecins sans frontières, devenu photographe après plusieurs années de travail humanitaire en Afrique et en Asie, réveille souvent de pénibles souvenirs. « Chez MSF mon travail consistait parfois à enterrer des enfants », dit-il. « Chaque photo d’enfant tué me renvoie à ces moments ».
Chaque éditeur a ses propres limites, ses propres phobies. Pour Jihan Ammar, le plus dur a été la guerre à Gaza au cours de l’été 2014, à cause du déferlement d’images atroces d’enfants palestiniens blessés ou tués. « Ici au département vidéo, nous regardions à longueur de journée des enfants extraits des décombres sans bras ou sans jambes, des parents qui hurlaient de désespoir », se souvient-elle. « Non seulement ces images sanglantes étaient en permanence sur nos grands écrans devant nos yeux, mais nous les voyions aussi qui défilaient en boucle sur les chaînes de télévision arabes à l’arrière-plan. Plus nous éditions, et moins nous parlions. A une reprise, une collègue qui effectuait une révision de routine sur un sujet que je venais d’éditer (la vidéo ci-dessous, ndlr) a fondu en larmes ».
Marina Passos, elle, redoute particulièrement les images provenant des zones rebelles de Syrie, où l’AFP n’envoie plus de reporters mais utilise la production de photographes et vidéastes locaux. Là aussi, les images d’enfants morts ou blessés sont légion. Les regarder est encore plus dur pour les éditeurs qui ont de jeunes enfants et qui s’identifient naturellement aux victimes et à leurs parents. « Quand je suis rentrée de congé maternité il y a deux ans, ça a été dur de traiter les photos de Syrie », poursuit Marina Passos. « Pendant trois mois, j’ai eu peur de tout. Toutes ces photos d’enfants blessés, avec leurs regards qui exprimaient la peur et la souffrance, me renvoyaient à ma propre vie. Avant d’être mère, je ne ressentais rien face à ce genre d’image mais maintenant, c’est différent. Il m’arrive de ne pas avoir le cœur assez bien accroché pour traiter des photos de Syrie, et de demander à mes collègues qui n’ont pas d’enfants de s’en occuper ».
Parfois, le stress de l’éditeur est accru par le fait que les correspondants locaux, en Syrie ou ailleurs, ne connaissent pas bien les critères en vigueur à l’AFP. « Notre nouveau correspondant vidéo à Alep fait de l’excellent travail, mais il nous envoie souvent des gros plans de crânes explosés », raconte Quentin Leboucher, adjoint à la coordinatrice vidéo pour la région. Là encore, l’éditeur n’a pas le choix : pour sélectionner les images publiables, il lui faut tout regarder.
Un
enfant crie pendant qu'un chirurgien retire du schrapnel de sa jambe
dans un hôpital de fortune à Douma, en Syrie, le 3 juillet 2014 (AFP /
Abd Doumany)
Pour l’éditeur vidéo Etienne Torbey, le pire cauchemar, ce sont les vidéos de décapitations diffusées par l’organisation Etat islamique. « Les images de bombardements, de victimes de combats à Gaza ou en Syrie sont horribles, mais dans un sens je m’y suis habitué et elles me choquent moins que les vidéos d’exécutions », dit ce Libanais. « Quand on voit le couteau s’approcher de la gorge de la victime, ça dépasse toutes les limites. Je dois m’arrêter de regarder ». Et pour Quentin Leboucher, regarder la vidéo de l’assassinat de James Foley, journaliste qui avait contribué à la couverture de l’AFP en Syrie, a constitué une épreuve particulièrement pénible.
Au milieu d'un film d'exécution, des images quasi-subliminales
L’AFP n’a diffusé aucune des vidéos des exécutions d’otages, mais seulement un nombre très réduit d’images fixes extraites des films du groupe Etat islamique (une de la victime, et éventuellement une du bourreau). Les éditeurs doivent donc tout de même visionner la vidéo pour choisir l’image fixe à extraire, et la recadrer afin de la rendre la moins dégradante possible. Visionner les vidéos dans leur intégralité permet aussi, parfois, de recueillir des informations. Cela a permis, par exemple de découvrir que des séquences quasi-subliminales d’une autre exécution d’otage, probablement en Syrie, ont été glissées pour une raison inconnue au milieu de la vidéo de l’assassinat du Français Hervé Gourdel en Algérie.
Image
extraite d'une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 28 août 2014,
et affirmant montrer quelques uns de 160 soldats syriens faits
prisonniers et massacrés par le groupe Etat islamique dans la province
de Raqa (AFP / HO / Khilafaa Press)
Comment font-ils pour tenir ? « Le desk photo de Nicosie est très uni », répond Andrew Caballero. « On parle entre nous, on plaisante pour rendre la vacation moins déprimante. Mais nous assumons. Si on ne supporte pas de voir des photos choquantes, alors on ne devient pas éditeur photo pour le Moyen-Orient ».
« J’essaye de travailler comme un chirurgien qui prend ses distances avec son patient, qui l’opère sans émotion », explique pour sa part Hasan Mroue. « Même si en ce moment, j’ai l’impression d’être le chirurgien d’un grand hôpital urbain parachuté soudain dans un hôpital de campagne, sur une ligne de front… »
Etienne Torbey, lui, avoue avoir respiré un grand bol d’air frais le jour où, l’été dernier, le service vidéo de l’AFP à Nicosie a rendu service à celui de Hong Kong et a édité pendant un moment la production en provenance d’Asie. « C’était fantastique », se rappelle-t-il. « Tout à coup on s’est mis à voir des sujets sur la culture, sur l’art, sur les animaux dans les zoos, sur toutes ces choses de la vraie vie qu’on aimerait tant faire dans notre région. Mais évidemment, avec quatre pays en guerre chez nous, on a d’autres priorités ».
Pendant les funérailles de trois garçons tués dans un raid israélien à Gaza, le 21 août 2014 (AFP / Roberto Schmidt)
Il n’est jamais facile de rentrer chez soi après des journées pareilles, de se réinsérer dans une vie familiale normale. « Tout à coup, les images d’horreur font irruption dans ta tête », raconte Andrew Caballero. « Pendant la guerre à Gaza, je rentrais tous les soirs complètement vidée», se rappelle Jihan Ammar. « A la maison, je n’arrivais pas à décompresser, à dormir, à arrêter le film qui défilait sous mes yeux. Je ne pouvais pas regarder la télévision. Mais je n’en ai jamais parlé avec ma famille, ce sont des choses trop horribles pour être partagées ».
« Et pour ceux d’entre nous qui ont des racines au Moyen-Orient, le niveau de violence auquel on assiste cette année est particulièrement décourageant », poursuit cette Egyptienne-Américaine. « Toutes les grandes civilisations autour de nous sombrent dans le chaos. Travailler sur le terrain est de plus en plus dangereux. Les conflits s’enlisent dans des cercles vicieux et le sectarisme est en train d’étouffer la région. L’avenir paraît bien sombre ».
Roland de Courson est l'éditeur du blog AFP Making-of.
Un
homme porte le corps d'une enfant blessée dans une attaque des forces
gouvernementales syriennes sur le quartier de Kallaseh à Alep, le 3 juin
2014 (AFP / Baraa al-Halabi)
LE WERWOLF
AFP Making-of :: Lien
Repéré par : Le Vieux Loup
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