Un rapport vient d’être rendu par l’UNICEF au gouvernement : « Adolescents en France : le grand malaise. »
Un rapport vient d’être rendu par l’UNICEF au gouvernement : « Adolescents en France : le grand malaise. » Selon cette étude, 43 % des adolescents français seraient en état de « détresse psychologique ».
On peut s’interroger sur la pertinence de la démarche. Autant demander aux pensionnaires d’une maison de retraite s’ils ne ressentent pas quelques misères physiques et s’esbaubir du résultat. À 81 % des ados sondés, il arrive d’être triste ou « cafardeux » ? Ils ont leur âge, en somme. Que celui qui n’a jamais caressé une demi-seconde l’idée, après avoir été humilié par un prof, de se suicider pour donner à celui-ci des remords éternels — imaginant déjà tous ses condisciples, oui, même les caïds qui ne le regardent jamais, une fleur blanche à la main devant son cercueil — lève la main. Heureusement, il y a loin de la pensée à l’acte.
On peut se demander si l’absence de « grand malaise » autrefois n’était pas simplement défaut de thermomètre – on ne se piquait pas tant alors de psychologie enfantine — ou si ces souffrances morales ne sont pas d’inévitables douleurs de croissance, au même titre que les élancements nocturnes dans les jambes.
Ces réserves faites, on peut aussi accorder quelque crédit à l’UNICEF… en lui conseillant de regarder en direction de l’école, où nos ados passent le plus clair de leur temps. École française républicaine où ils font peut-être une overdose de liberté, d’égalité, de fraternité ?
Égalité des notes, que l’on veut progressivement supprimer : plus moyen de se distinguer par le travail. Or, disons-le cyniquement, un 20 ne vaut que par le zéro des autres. L’école des fans manque d’attrait passé la maternelle. Dès lors, ce n’est plus le mérite qui vous fait sortir du lot, mais des qualités sur lesquelles vous n’avez, hélas, aucune prise : charisme personnel, physique avantageux, fortune des parents par laquelle on a vêtements et high-tech dernier cri.
Égalité des sexes, dans une mixité confuse dont personne ne sort gagnant. Les garçons y seraient « castrés » par des filles dominatrices et fortes en thème, prétendent certains comme Éric Zemmour, mais les filles ne sont pas à la fête non plus. Au collège, la précocité dans les études est souvent inversement proportionnelle à celle de la puberté. Sur le même pupitre, de grands gaillards en échec scolaire – presque des hommes – se retrouvent serrés contre de frêles tendrons. De peur des sous-entendus graveleux, celles-ci préfèrent ne plus lever le doigt. Pour se défendre, elles n’ont d’autre choix que d’assimiler le dialecte vernaculaire : les insultes ordurières. Mais le combat est vain. Nul ne contestera que le garçon a, dans ce domaine, un sens de la formule plus inné que la fille. Et cette « liberté de langage » n’est bridée par personne.
Les autres libertés non plus, d’ailleurs. Or, la liberté dans une cour de récréation porte un nom : la loi de la jungle. L’UNICEF s’étonne donc que les jeunes souffrent « d’insécurité » ? Sans parler, bien sûr, de la liberté sexuelle, encouragée pourvu qu’elle soit aseptisée. Mais une sexualité trop précoce est comme un bon roman lu trop tôt : c’est décevant et le charme de la découverte en est défloré pour la vie.
Trop de fraternité, enfin : il faut travailler en groupe. Monter des projets communs. Partir en voyage scolaire. Faire connaissance à marche forcée avec « l’autre » quand on n’a pas seulement fait connaissance avec soi-même. Les « empruntés », les « introvertis » sont regardés de travers. Et l’UNICEF déplore l’importance démesurée des réseaux sociaux ?
Et si, plus que les ados, l’école était en « détresse psychologique » ?
On peut s’interroger sur la pertinence de la démarche. Autant demander aux pensionnaires d’une maison de retraite s’ils ne ressentent pas quelques misères physiques et s’esbaubir du résultat. À 81 % des ados sondés, il arrive d’être triste ou « cafardeux » ? Ils ont leur âge, en somme. Que celui qui n’a jamais caressé une demi-seconde l’idée, après avoir été humilié par un prof, de se suicider pour donner à celui-ci des remords éternels — imaginant déjà tous ses condisciples, oui, même les caïds qui ne le regardent jamais, une fleur blanche à la main devant son cercueil — lève la main. Heureusement, il y a loin de la pensée à l’acte.
On peut se demander si l’absence de « grand malaise » autrefois n’était pas simplement défaut de thermomètre – on ne se piquait pas tant alors de psychologie enfantine — ou si ces souffrances morales ne sont pas d’inévitables douleurs de croissance, au même titre que les élancements nocturnes dans les jambes.
Ces réserves faites, on peut aussi accorder quelque crédit à l’UNICEF… en lui conseillant de regarder en direction de l’école, où nos ados passent le plus clair de leur temps. École française républicaine où ils font peut-être une overdose de liberté, d’égalité, de fraternité ?
Égalité des notes, que l’on veut progressivement supprimer : plus moyen de se distinguer par le travail. Or, disons-le cyniquement, un 20 ne vaut que par le zéro des autres. L’école des fans manque d’attrait passé la maternelle. Dès lors, ce n’est plus le mérite qui vous fait sortir du lot, mais des qualités sur lesquelles vous n’avez, hélas, aucune prise : charisme personnel, physique avantageux, fortune des parents par laquelle on a vêtements et high-tech dernier cri.
Égalité des sexes, dans une mixité confuse dont personne ne sort gagnant. Les garçons y seraient « castrés » par des filles dominatrices et fortes en thème, prétendent certains comme Éric Zemmour, mais les filles ne sont pas à la fête non plus. Au collège, la précocité dans les études est souvent inversement proportionnelle à celle de la puberté. Sur le même pupitre, de grands gaillards en échec scolaire – presque des hommes – se retrouvent serrés contre de frêles tendrons. De peur des sous-entendus graveleux, celles-ci préfèrent ne plus lever le doigt. Pour se défendre, elles n’ont d’autre choix que d’assimiler le dialecte vernaculaire : les insultes ordurières. Mais le combat est vain. Nul ne contestera que le garçon a, dans ce domaine, un sens de la formule plus inné que la fille. Et cette « liberté de langage » n’est bridée par personne.
Les autres libertés non plus, d’ailleurs. Or, la liberté dans une cour de récréation porte un nom : la loi de la jungle. L’UNICEF s’étonne donc que les jeunes souffrent « d’insécurité » ? Sans parler, bien sûr, de la liberté sexuelle, encouragée pourvu qu’elle soit aseptisée. Mais une sexualité trop précoce est comme un bon roman lu trop tôt : c’est décevant et le charme de la découverte en est défloré pour la vie.
Trop de fraternité, enfin : il faut travailler en groupe. Monter des projets communs. Partir en voyage scolaire. Faire connaissance à marche forcée avec « l’autre » quand on n’a pas seulement fait connaissance avec soi-même. Les « empruntés », les « introvertis » sont regardés de travers. Et l’UNICEF déplore l’importance démesurée des réseaux sociaux ?
Et si, plus que les ados, l’école était en « détresse psychologique » ?
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