Le Canadien Luka Rocco Magnotta, accusé d’avoir tué et dépecé un
étudiant chinois en 2012, a plaidé non-coupable lundi à l’ouverture de
son procès, même si le juge a indiqué qu’il avait reconnu « les faits »
reprochés lors de l’enquête.
L’enjeu de ce procès, prévu pour durer tout
l’automne, va donc être d’établir si oui ou non cet ancien acteur porno a
agi avec « l’état d’esprit requis » pour être considéré comme maître de
ses actes, a expliqué le juge Guy Cournoyer aux 12 jurés.
Le magistrat a indiqué en préalable aux
plaidoiries que l’accusé de 32 ans avait « reconnu les faits » lors de
l’investigation menée en vue du procès de cette affaire criminelle
retentissante, l’une des plus sordides de l’histoire du Canada.
L’accusé est confiné dans une cellule
vitrée, au sein d’une petite salle d’audience étriquée ne pouvant
accueillir que 13 spectateurs, cinq personnes du public, cinq
journalistes et trois membres de la famille de Lin Jun, l’étudiant
chinois assassiné.
M. Magnotta a plaidé, d’une faible voix
aiguë, « non-coupable » à chacun des cinq chefs d’accusations qui pèsent
contre lui, pour lesquels il est passible de l’emprisonnement à vie.
Face à lui, l’accusation a expliqué son
intention de démontrer que ce crime était « planifié et délibéré » et
qu’il avait été préparé depuis au moins six mois, soit dès décembre
2011, a lancé le procureur de la Couronne (avocat de la partie civile),
Louis Bouthillier.
Pour ce faire, Me Bouthillier compte faire
venir à la barre un journaliste britannique du London Sun, qui avait
rencontré Magnotta à la fin de l’année 2011 lorsqu’il enquêtait sur une
vidéo diffusée sur internet montrant des chatons se faire dévorer par un
serpent boa.
Le représentant de la Couronne a également
demandé au juge Cournoyer de ne pas encourager les jurés à envisager la
relaxe pour « troubles mentaux », une requête qualifiée de
« surprenante » par le magistrat.
La partie civile s’est rendue jusqu’en
Europe lors d’une commission rogatoire tenue au printemps dernier, afin
d’entendre des témoins de la fuite rocambolesque de Luka Rocco Magnotta
en France et en Allemagne.
Outrage à cadavre
Présidé par le juge Guy Cournoyer, son
procès est prévu pour durer de six à huit semaines. Il se déroule
surtout en anglais et devant un jury de 12 personnes, six hommes et six
femmes, soigneusement choisis parmi plusieurs centaines de candidats
potentiels.
La famille de Lin Jun, le défunt étudiant et
ex-compagnon de l’accusé, assiste aux audiences et devrait tenir une
conférence de presse lundi après-midi, selon son avocat.
Agé de 32 ans, Luka Magnotta est accusé
d’avoir tué chez lui avec un pic à glace son ancien petit ami Lin Jun.
Il est également poursuivi pour outrage à cadavre pour l’avoir découpé,
de diffusion de matériel obscène pour avoir posté une vidéo des faits
sur internet, d’envoi par courrier de morceaux du cadavre, et de
harcèlement vis-à-vis du Premier ministre canadien Stephen Harper et de
députés.
L’affaire avait commencé en mai 2012, alors
que le Québec était plongé dans une crise sociale majeure provoquée par
une grève étudiante. Un torse décapité, celui de la victime, avait été
retrouvé dans une valise jetée sur un tas d’ordures dans une ruelle de
Montréal. L’enquête avait rapidement mené la police à un logement situé
tout près, où habitait Magnotta.
Avant de prendre un vol pour Paris, le 26
mai, le suspect aurait envoyé les pieds et les mains de la victime par
colis postal au siège du Parti conservateur canadien et à celui du Parti
libéral, à Ottawa, ainsi qu’à deux écoles de Vancouver. La tête de la
victime n’avait été retrouvée qu’en juillet 2012 dans un parc de
Montréal.
La cavale du tueur présumé l’avait ensuite
conduit en Allemagne, où il avait été arrêté le 4 juin 2012 dans un
cybercafé à Berlin, avant d’être rapidement extradé au Canada.
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