lundi 8 septembre 2014

harcelée à l'école pendant 4 ans, je m'en suis sortie





Noémya n'avait rien demandé à personne. Alors qu'elle aimait l'école, qu'elle était même plutôt douée en primaire, elle a sombré en rentrant en sixième. Pourquoi ? Parce qu'en deux semaines, elle est devenue la cible privilégiée d'une bande d'ados qui n'ont pas compris qu'elle souffrirait de leurs brimades bien après son bac. Aujourd'hui, elle a 27 ans, et elle témoigne.


Tout a commencé à l’âge de 11 ans, alors que je faisais mon entrée en sixième. Je suis arrivée dans une classe où beaucoup d’élèves se connaissaient déjà du primaire, ce qui n’était pas mon cas. J’ai donc été un peu exclue dès le départ.

En primaire, je n’avais jamais été victime de harcèlement. Tout se passait très bien, j’avais plein d’amis, de bons résultats scolaires. J’étais épanouie et j’aimais aller à l’école.


"Gizmo", comme le gremlin


 
Dès la deuxième semaine de sixième, deux filles de ma classe ont commencé à m’insulter, d’abord en rapport avec mon physique.

À l’âge de 7 ans, j’ai eu un accident de voiture qui ne m’a pas laissé de séquelles, si ce n’est une très légère déviation de la mâchoire et des oreilles un peu décollées. Cette petite particularité a rapidement fait l’objet d’un surnom : Gizmo (comme le gremlin)…


"T’es moche, tu pues"


 
Ensuite, leurs attaques ont porté sur ma manière de m’habiller. Je n’étais pas "dans la norme" parce que je ne portais pas de vêtements de marques, je n’étais pas "à la mode". Moi j’aimais être naturelle et ça ne m’intéressait pas de rentrer dans le moule, en fait.

Ces deux filles ont commencé à m’exclure du groupe en me disant que j’étais moche, que je puais. En le disant aussi aux autres élèves, qui trouvaient ça très drôle ou qui ne disaient rien. Par le silence ou par leurs rires, ils les encourageaient à continuer. Certains leur ont même emboîté le pas.


Une humiliation en cours de sport


 
Je me souviens d’un cours d’EPS que j’ai particulièrement mal vécu. On s’entraînait au basket, il fallait donc constituer les équipes. Personne ne voulait me prendre dans la sienne. Quand on a commencé à jouer, j’ai eu le ballon et j’ai couru vers le panier…

Une des filles de mon équipe m’a fait un croche-pied. Je suis tombée par terre, j’avais le genou complètement en sang et tout le monde rigolait, applaudissant même cette fille qui m’avait fait mal. "T’as bien fait, tu gères".


Mécanismes de défense


 
Au début, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je n’imaginais pas que la violence gratuite puisse exister. Donc j’ai choisi de ne pas réagir, de laisser couler… "Ils vont finir par se lasser", je me suis dit. Eh bien non.

J’ai donc adopté une autre stratégie de défense : je me suis mise à répondre sur le même ton qu’eux, mais ils utilisaient ce que je disais pour le retourner contre moi. En répétant mes mots et en rigolant pour m’humilier davantage.

Dès le premier trimestre de sixième, je me suis retrouvée en échec scolaire. À partir de ce moment-là, j’ai eu des avertissements à chaque bulletin et un grand nombre d’absences. Au début, je faisais semblant d’être malade pour éviter le collège parce que j’avais peur. À la fin de l’année, je séchais les cours et je me baladais dans le quartier.


J’ai craqué devant la CPE


 
C’est à ce moment-là que la CPE a m’a convoquée avec mes parents pour savoir ce qui se passait. J’avais tellement honte, je me sentais tellement coupable de ce qui m’arrivait que je ne voulais pas en parler.

Et puis au bout de quelques minutes, j’ai fini par craquer. Je suis tombée en pleurs et j’ai tout raconté, j’ai dit ce que je subissais de la part de ces deux filles, des autres élèves et parfois même de la part de gens que je ne connaissais pas.

Après ce rendez-vous, la CPE a convoqué les filles pour une confrontation, histoire d’avoir les points de vue de chacun. Elle les a menacées de deux heures de colles si elles continuaient… Seul problème, la CPE n’a jamais fait de suivi.


Je suis devenue "une balance"


 
Elles ont donc continué, et je suis devenue "une balance". Ça n’a fait qu’empirer. Je n’ai pas osé retourner parler à la CPE… J’attendais qu’elle vienne vers moi. Si elle s’était préoccupée de la suite, je lui aurais tout dit, mais elle m’a lâchée. Je n’en ai plus jamais reparlé, donc mes parents se sont dit que c’était fini. Et pourtant, ça a duré jusqu’à la fin de ma troisième, même si ces deux filles n’étaient plus dans ma classe.

Ça s’explique par deux choses. Déjà, les jeunes parlent entre eux, donc dans un même collège, les étiquettes qu’on nous donne restent. Ensuite, quand on est harcelé, on perd très rapidement confiance en soi, on se sent vulnérable. On devient donc de fait une cible idéale… parce qu’on n’a plus vraiment envie de se défendre.

Je me suis complètement renfermée sur moi-même, je n’étais même plus capable de regarder les gens dans les yeux.

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LE WERWOLF




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Repéré par : Le Vieux Loup


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