Souvenons-nous : en 1998, le gouvernement de Lionel Jospin,
avec la bénédiction du Président Jacques Chirac, a créé le fichier des
empreintes génétiques pour améliorer la lutte contre les crimes sexuels,
notamment concernant les mineurs. Quelques juristes, quelques bonnes
âmes, ont protesté ou plus exactement grommelé que ce fichage était
attentatoire aux libertés individuelles ? Quoi ? Leur a-t-on rétorqué,
vous êtes contre la protection des enfants qui peuvent être victimes de
viols ou d’agressions sexuelles ? En apparence, l’argument était
imparable et les quelques censeurs, les célèbres « droitdelommistes »,
à gauche et surtout à droite, se sont tus. D’autant plus que la
Convention Européenne des Droits de l’Homme avait donné son accord.
Toujours sous le règne de Lionel Jospin, l’obligation de figurer dans
le FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques) a été
étendu aux personnes commentant des « actes de barbarie » sans que cette notion soit précisée.
Ensuite grâce à Sarkozy, ministre de l’intérieur, les « bonnes raisons »
de figurer dans ce fichier ont été progressivement étendues par les
lois de 2003, 2004, 2005 et 2007. A la fin de ce glissement, il existait
149 raisons, que l’on soit prévenu, gardé à vu ou condamné, d’être
ainsi fiché, le refus de donner son ADN étant puni par la loi. Le seuil a
été atteint en 2007 quand a été ajouté le « trouble à l’ordre public »
comme motif de fichage. Ce qui peut inclure n’importe quoi : depuis la
participation à une manifestation jusqu’à la revendication syndicale en
passant par un crime. Résultat : il y actuellement 2 300 000 personnes
inscrites dans le FNAEG dont seulement 398 000 ont encouru une
condamnation, même légère ; tous les autres ont simplement été suspectés
puis relâchés après une garde à vue et reste fiché pendant une
vingtaine d’années sans avoir commis le moindre délit, le moindre crime.
La loi en cours d’examen au parlement permettant de suspecter des
gens d’aller participer au Djihad en Syrie ou ailleurs et de suivre des
gens « douteux » grâce à internet ou de fermer des sites, offre les
mêmes dangers de glissement vers la société de surveillance et de
contrôle. Rien n’interdira à la gauche, puis évidemment à la droite, de
faire voter de nouvelles dispositions autorisant les policiers et les
services de renseignement à élargir les « bonnes raisons » de
mettre en place une véritable police de la toile. Quelques « bonnes
âmes » protestent contre ce système de surveillance. Et on leur objecte,
de la même façon qu’en 1988 : quoi ? Vous voulez protéger les
terroristes ? Alors presque tout le monde se tait et, toujours comme en
1998, les politiques évoquent un texte de loi « qui fait l’unanimité »…
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