HIPS HIPS HOURRA «Gueule de bois», dernier roman
d’Olivier Maulin, se révèle une très bonne cuvée dans le délire
éthylique. C’est de la rage qui tache le conformisme. Une plume qui
défoule car libérée par toute bienséance.
Un vrai journaliste, ça boit, ça écluse à en noyer des péniches, ça pompe même si le réservoir déborde, ça lève le coude à se poivrer pour en oublier sa tendinite. Le roman «Gueule de bois», du journaliste Olivier Maulin, commence sur cet axiome.
Orgasmes et empreinte carbone
Son plus ou moins héros, Pierre, imbibe de son ennui ses papiers dans «Santé pour tous». Avec de nouveaux patrons, le journal a pris une orientation sexe et écologie. Cela doit percuter auprès du public-cible des jeunes ménagères. Celles qui achètent local et veulent des orgasmes qui respectent l’empreinte carbone.
Je ne ressentais par conséquent aucune humiliation particulière à écrire pour des connasses sans cervelle.
Ce qui ne rend pas Olivier aigri. «Mon avantage
est que je me foutais complètement du journalisme et de l’environnement,
et que je ne ressentais par conséquent aucune humiliation particulière à
écrire pour des connasses sans cervelle.» Lors d’un déjeuner presse – organisé par une grande surface qui veut favoriser «l’adoption de réflexe vert » chez sa clientèle – Olivier tombe sur des confrères qui se torchent au gros rouge. Voire d’autres liquides bien plus alcoolisés. Ce qui est d’ailleurs la finalité d’un dîner de presse.
Et ça part en vrille.
Avec un dépressif, un nostalgique de l’uniforme nazi, un futur mort, Pierre voit la vie en cirrhose, sème la pagaille, se fait jeter, rosser, engueuler.
Blier sous amphètes
«Gueule de bois» ne se résume pas, cela se vit sous le furieux clavier d’Olivier Maulin qui vous explose toutes les frontières de la bienséance et ne déclare rien aux prudes douaniers, si ce n’est des injures paillardes. Simple. «Gueule de bois», dans sa première partie, s’apparente à du Bertand Blier sous amphètes. Le second volet envoie Pierre dans la cambrousse française, d’apparence plus zen.
Olivier Maulin y renoue avec certaines ambiances d’un précédent bouquin, «Les lumières du ciel» (Poche Pocket). Aux côtés du lieutenant, adorateur inconditionnel des loups, et la blogueuse Béatrice, une bêcheuse du net virée de toutes les rédactions, c’est le retour de la Grande Aventure, «celle qui fait hurler, celle qui fait frémir, dans la nuit, dans le vent et dans la froidure».
Plaisirs outranciers
La saga au milieu des arbres en bois se termine en Apocalypse dans un asile, une révolte de dentiers et des grenades qui volent bas. Déjanté plein gaz
– malgré un tout léger coup de mou au milieu du livre – Olivier Maulin
nous venge de la grisaille, des normes, des peine-à-jouir car il nous
délivre les plaisirs outranciers de l’irrespect. Mon gars, tu nous remets une tournée quand tu veux !
Joël Cerutti
«Gueule de bois», Olivier Maulin, Editions Denoël, (2014)
LE WERWOLF
Repéré par : Le Vieux Loup


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