C’est l’histoire pas banale d’un enfant acheté. Acheté via un vrai trafic, dans la communauté rom : la mère – déjà six enfants – ne voulait pas de cette nouvelle naissance, et des mafieux ont cherché des acheteurs. Un jeune couple – 26 et 27 ans – qui ne parvenait pas à avoir d’enfant, a réuni le prix – plusieurs milliers d’euros – et a récupéré l’enfant dès sa naissance, en mai 2013 à Marseille. Un bon marché, une nouvelle famille qui se construit… mais pas d’état civil.
L’affaire est venue aux oreilles de la police, et en septembre, les
deux intermédiaires ont été émis en examen pour « traite d’être humain »
et écroué. Le couple, résidant alors en Meurthe-et-Moselle, a lui aussi
été mis en examen, mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire.
Que faire de l’enfant ? Une décision qui relève du juge pour enfants,
et le seul critère doit être celui de l’intérêt de l’enfant.
Difficile de le remettre à la mère biologique, qui avait été capable
de le vendre… Alors, et c’est en pratique la seule solution, le bébé a
été placé par le juge dans une pouponnière de Nancy. Mais là, rien
n’allait plus comme l’explique mon excellente consœur Maître Caroline
Depretz.: « L’enfant, qui était jusqu’alors vif et éveillé, a rapidement
dépéri. Il s’est tellement renfermé que les services sociaux ont craint
que cela ne touche son développement psychomoteur ».
Début juillet, un juge des enfants de Nancy a accordé aux parents
acheteurs un droit de visite, qui s’est révélé très positif pour
l’enfant, et fin août, le juge a décidé d’un placement de l’enfant
auprès de ce couple. Cette décision ne donne pas à l’enfant le statut
d’adopté, décision qui relève d’une autre procédure et d’un autre juge,
et elle ne fait pas disparaitre les poursuites pénales. L’enfant avait
vécu le retrait de « sa » famille comme un abandon : « L’intérêt de
l’enfant a primé, la décision du juge est particulièrement courageuse»,
ajoute notre amie Caroline. De ce que je lis, le Parquet n’a pas fait
appel.
Le couple indique qu’il va maintenant engager une procédure
d’adoption. Vis-à-vis de l’enfant qui n’a rien demandé à personne, mais
qui a rejoint notre communauté des vivants, au nom de quel
principe pourra-ton refuser de lui donner un statut légal d’enfant
adopté, dès lors qu’il vit avec les parents qui font son bonheur ? Un
bonheur qui est passé par des intermédiaires crapules et la commission
de l’infraction grave de traite d’être humain. Pas simple…
LE WERWOLF
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Repéré par : Le Vieux Loup


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