En fait, il est possible de vivre avec un bout de cerveau en moins.
L'histoire est tellement fascinante qu'elle a réussi à mettre hors ligne ce 11 septembre le site New Scientist qui la rapporte.
Se plaignant de nausée et de vertiges, une jeune femme de 24 ans
s'est présentée à un hôpital de la province de Shandong, en Chine. Des
maux banals que les médecins, après un scanner, associent immédiatement à
une cause qui l'est beaucoup moins: dans la tête de la jeune femme, il
n'y a absolument aucune trace... de son cervelet.
Comme son nom l'indique, le cervelet est un petit bout du cerveau (d'ailleurs, il vient du latin «cerebellum», «petit cerveau»). Situé à l'arrière du crâne, sorte de petit coussinet en dessous des deux hémisphères, «il ne représente, écrit New Scientist, que 10% du volume total cérébral».
Mais ne vous laissez pas tromper par sa modeste taille: le cervelet
est petit, mais costaud. Et contient, poursuit le site d'actualités
scientifiques, «50% des neurones» !
Sa fonction et tout aussi importante: central dans la motricité,
l'équilibre et la coordination des gestes, le cervelet aurait aussi un
rôle déterminant dans l'apprentissage du langage. A ce titre, il n'est
donc pas étonnant que cette femme de 24 ans ait témoigné auprès de ses
médecins, qui ont exposé son cas fin août dans la revue Brain, de difficultés pour marcher et parler. Comme le détaille New Scientist:
«[...] Sa mère a affirmé qu'elle n'avait pas marché jusqu'à l'âge de 7 ans, et que son langage n'est devenu intelligible qu'à partir de 6 ans.»
Des difficultés dont la jeune femme n'a jamais vraiment réussi à se débarrasser, notamment au niveau de sa prononciation. «Sa voix tremble, ses mots ne sont pas articulés et les docteurs décrivent ses intonations comme "dures"», raconte site I Fucking love science.
Des difficultés handicapantes, mais qui semblent néanmoins bien mineures face à leur origine, l'absence donc, de cervelet.
«Seuls 8 cas vivants [similaires] ont été rapportés avant cette étude», peut-on lire dans l'article paru dans Brain, ici cité par The Daily Dot.
La plupart du temps, les personnes souffrant de cette anomalie exceptionelle «meurent jeunes et le problème n'est alors découvert qu'au moment de l'autopsie»,
expliquent encore les neurochirurgiens de cet hôpital chinois, repris
par New Scientist. Or cette jeune femme a passé la vingtaine, est
mariée, et a même eu une petite fille, écrit The Daily Dot.
Sans surprise donc, son histoire passionne la communauté
scientifique. Comme le confie au New Scientist Mario Manto, qui étudie
les désordres liés au cervelet à l'université de Bruxelles:
«Ces cas rares sont intéressants pour comprendre comment le circuit cérébral travaille et compense l'absence de certaines parties.»
Cette incroyable capacité du cerveau à s'adapter, encore appelée neuroplasticité, est par exemple à l'origine du développement d'une excellente faculté auditive chez les aveugles. Comme le résume io9:
«Coupez le nerf optique de quelqu'un, et les neurones consacrés à la vision seront cooptés par les neurones associés à d'autres fonctions cognitives.»
Le cas de cette jeune femme n'est évidemment pas sans rappeler
d'autres histoires extraordinaires, les exemples d'individus parvenant à
vivre avec un cerveau endommagé, ou partiel, ne sont en effet pas une
nouveauté, rappelle New Scientist.
L'occasion par exemple de relire l'incroyable histoire de Phineas Gage,
le patient le plus célèbre des neurosciences, qui a survécu après
qu'une barre à mine lui a traversé la tête, de la bouche, au haut du
crâne, en passant sous l’œil.
LE WERWOLF
Slate.fr :: Lien
Repéré par : Le Vieux Loup




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